- Fadhma Aïth Mansour Amrouche
... Écrivain-poète algérienne, née en 1882 à Tizi Hibel, le village de Mouloud Feraoun. Fadhma est la mère de Jean et Taos Amrouche, autres chantres de la culture kabyle. Après avoir habité la région de Béjaïa (ex-Bougie) à Ighil Ali, la famille Amrouche passe une quarantaine d'années à Tunis. Cet éloignement ne l'a pas empêché de penser à sa Kabylie natale.
... Avec Taos et Jean, Fadhma entreprend d'écrire et de traduire Les Chants berbères et compose elle-même des poèmes et contes destinés à ses autres enfants morts prématurément.
... Fadhma meurt à l'âge de 85 ans dans un hôpital à Saint-Brice-en-Coglès, un village de Bretagne. Une année plus tard, en 1968, est publié à titre posthume Histoire de ma vie, un livre autobiographique où elle raconte la dure vie de la femme kabyle.
... Avec Taos et Jean, Fadhma entreprend d'écrire et de traduire Les Chants berbères et compose elle-même des poèmes et contes destinés à ses autres enfants morts prématurément.
... Fadhma meurt à l'âge de 85 ans dans un hôpital à Saint-Brice-en-Coglès, un village de Bretagne. Une année plus tard, en 1968, est publié à titre posthume Histoire de ma vie, un livre autobiographique où elle raconte la dure vie de la femme kabyle.
... Mon ruisseau, un pan de cette autobiographie qui m'a particulièrement saisi, mais il y en a d'autres encore plus émouvants :
- La veuve,
- Tagrara, (village où sa mère a été exilée)
- La directrice,
- Les provisions,
- Départ du fils...
Fadhma Aïth Mansour Amrouche
- Mon ruisseau
« ... Mais ce dont j'ai gardé le meilleur souvenir, c'est le ruisseau ! « Mon ruiseau », car, pendant dix ans, du mois d'octobre, rentrée des classes, à juillet, mois des vacances, je n'ai passé un jour sans aller une, et même plusieurs fois dans la journée, à mon ruisseau. C'était mon refuge !
... Ce ruisseau bordait la propriété à main droite, sur une distance d'un millier de mètres environ, et sa source affleurait un peu plus haut dans le rocher. L'été, il était paisible et un léger filet d'eau coulait doucement entre ses rives, sages de notre côté, un peu escarpées de l'autre ; il fallait grimper pour se rendre au champ de Fatima-t-Hamou, notre voisine. C'est là que j'allais ramasser des cerises sauvages, des figues, des épis, et tout ce qui pouvait se manger, pour mon goûter, en particulier « bibras » oignon sauvage.
... Sur le bord de ce ruisseau avaient poussé des peupliers très hauts couverts de treilles dont les grappes de raisins dorés pendaient au-dessus de l'eau.
... Ces grappes ne mûrissaient qu'en novembre. Le jour, où -pendant que j'étais en classe- les propriétaires venaient faire la cueillette, ils laissaient tomber quelques grains blonds et juteux dans le ruisseau transparent, et quand je sortais de classe, à quatre heures je les ramassais et les mangeais avec délices.
... L'hiver, le ruisseau devenait torrent, et la nuit, quand il pleuvait, on l'entendait mugir. L'eau, en s'engouffrant, avait creusé une baignoire naturelle qu'elle remplissait, en la couvrant d'écume, au-dessous de la cascade.
... Mon ruisseau ! que d'heures exquises j'ai passées près de toi, que de violettes j'ai cueillies, que de boutons d'or, sans oublier les prunes de Fatima-t-Hamou que je mettais dans le foin pour qu'elles finissent de mûrir !
... Une allée sablée menait de la route à l'école ; de chaque côté, se trouvaient des champs de figuiers dont la limite était le ruisseau, d'une part, et de l'autre, la piste qui montait au village, à mi-chemin entre Taddert-ou-Fella et l'école. »
Fadhma Aïth Mansour Amrouche,
Histoire de ma vie,
Publication à titre posthume
Éditions François Maspero, 1968
31 commentaires:
Bonjour Zéphyr,
merci pour cette découverte.
Fadhma Aïth Mansour Amrouche m'apparait grâce à toi.
Belle femme au regard intense et aux superbes rides, ondulations du temps et traces d'un vécu gorgé d'expériences mères de connaissance et de sagesse.
L'extrait du ruisseau, que tu nous offres, me donne l'envie d'en connaître davantage et je vais tenter de me procurer l'Histoire de sa vie.
Bonne journée
Marie-Hélène
Bonsoir Zéphyr, ce sont certainement d'excellent livres, je note, vos conseils sont toujours importants, les souvenirs du pays natal je pense restent toute la vie, c'est bien vrai, les odeurs, les couleurs, moments de vie que l'on ne veut absolument pas oublier. Cette femme a du souffrir énormément.
Je vous souhaite un très beau WE en famille
Amicalement
Dany
Un bon livre à avoir, "le grain magique" digest de tous les contes et légendes de Kabylie. Il est de Marguerite Taos Amrouche
Pas un kabyle n'ignore un de ces contes.
Mais, elle a aussi chanté devant tous les grands de ce monde! [reine Élisabeth, Kennedy, Senghor, Hailé Sélacié, De Gaulle, Winston Churchill... ]
Vous trouverez certainement ses belles mélodies sur youtube ou dailymotion.
A propos de "bibras" communément Vivras.
Aujourd'hui, je l’achète chez les chinois, elle est toujours fraiche, elle a le même gout que celle que j'avais l'habitude d'aller cueillir dans les près.
Sinon, dans les marchés,quelque chose qui peut ressembler à un lointain goût = ciboulette.
PS/ essayer une omelette avec du vivras !!!!!!!
un ruisseau comme un personnage vivant...
merveilleux souvenirs
Bonjour Marie-Hélène,
J'essaie de rattraper le retard causé par les aléas de la connexion.
En fait, j'ai tronqué le nom de Fadhma. Elle s'appelle Marguerite-Fadhma Aït Mansour Amrouche. Qu'elle me pardonne.
La trilogie des Amrouche est bouleversante en effet. Le mal de leur pays est double.
De son fils Jean El-Mouhouv Amrouche, je retiendrai cette citation :
« L'homme ne peut vivre s'il ne s'accepte tel qu'il est, s'il ne se sent pas accepté par la société où il vit, s'il ne peut avouer son nom. »
Bonjour Dany,,
... « Cette femme a dû souffrir énormément... » Oui, Dany, terriblement ! « L'histoire de ma vie » est un témoignage pathétique. Malgré ces vicissitudes, elle n'a jamais renié ses origines.
Elle est restée foncièrement kabyle jusqu'à son dernier souffle.
Bonjour Afneye,
Tout comme Taos, tu es bien le fils de ta mère. Fier de tes origines, tu portes la Kabylie dans tes tripes !
Heureusement qu'il y a Marie-Louise Taos Amrouche pour nous le rappeler. Sa voix nous mène jusqu'au tréfonds de l'histoire des Amazigh.
Re-bonjour Afneye,
"Vivras" !
Le "bibras" de Marguerite-Fadhma est plus subtil que celui des Chinois, car c'est son "bibras" et... celui de notre enfance !
Bonjour Saadou,
Le ruisseau est un personnage vivant. Il symbolise la source, l'origine, les racines de Marguerite-Fadhma.
Grâce à vous Zéphyr, je découvre un portrait de femme comme je les aime. Il y'aurait beaucoup à en dire, mais pour l'instant je profite de l'émotion que me procure ces quelques mots, le murmure du ruisseau et ce mélancolique visage.
Je vous souhaite un tendre dimanche et du courage si vous travaillez aujourd'hui
CaroLINE
Bonjour CaroLine,
... Un visage mélancolique, baigné par ses souvenirs, par l'histoire de sa vie.
... Ses yeux vous transportent au fin fond de sa Kabylie natale.
Merci CaroLine.
J'aimerais bien lire son livre! Je vais voir si je peux le trouver sur internet. Merci à toi de me faire découvrir cette auteur. Je te dirai ce que j'ai trouvé.
Rebonjour Zéphyr, je viens de trouver une vidéo sur son livre et je vais la passer sur mon blog demain. C'est très touchant, j'ai vraiment envie de lire ce livre!
Bonjour Zephyr,
je me suis fait toute petite après avoir lu le commentaire d'Afneye :"Pas un kabyle n'ignore un de ces contes..."
Mais après tout, avant de connaître, chacun est dans l'ignorance, et on apprend petit à petit, il n'y a rien de honteux à cela ! J'ai juste accumulé un énorme retard...
Bonne soirée
Marie-Hélène
Bonsoir Yvette,
Je pense que tu trouveras le livre. Je te le conseille vivement. Je suis sûr que tu en seras imprégnée.
Bonsoir Marie-Hélène,
Afneye a l'espriT taquin avec les gens qu'il chérit.
Il est généreux, mais (comme tous les Kabyles) intransigeant avec les valeurs morales.
Ce qui est évident pour lui ne l'est pas forcément pour les autres. La vie est un éternel apprentissage.
Si reproches il y a, c'est à lui que je les adresse.
Amaaaaaaaaaachahu*
Il n'y avait pas de radio, pas de télé mais un âtre devant lequel on se réunissait pour écouter les contes et légendes avant de s'abandonner dans les bras de Morphée.
La vidéo proposée sur "Anzar" en dit long sur ces longues soirées.
Marguerite a fait ce travail de fourmi pour que justement ces contes ne tombent pas dans l'oubli.
*/ Intraduisible, mais cela voulais dire "il était une fois"
Un très beau récit d'enfance chargé de sensations et d'émotions qui nous ramènent à la simplicité, à la générosité et à la grandeur de la nature.
J'ai lu autrefois "le grain magique" ... Une occasion pour le ré-emprunter à la bibliothèque. Amitié Zéphyr.
Je découvre cette femme grâce à toi
qui ne cache pas son amour pour sa patrie. Tu es fais une très belle description.
Ce billet donne envie de mieux la connaître.
cet extrait se laisse lire et dévoile presque un pan de la vie de cette femme
très belle soirée
Bonsoir Lily,
« Le grain magique », un grand hommage que rend Taos rend à sa mère.
Bonsoir Sonya,
Jusqu'à son dernier souffle, Marguerite Fadhma a porté la Kabylie dans son cœur.
c'est une femme exceptionnelle
et cela et palpable dans cet extrait
heureusement qu'elles ont existé et qu'elles existent encore...
nous revivons à travers leurs récits des souvenirs intarissables ou partageons des émotions....
très bon weekend en famille Zéphyr
Bonsoir Sonya,
... La femme est l'avenir de l'homme disait Jean Ferrat.
Nous ne pouvons que s'incliner devant cette grande dame.
Bsr , Histoire de ma vie est un témoignage de lutte sans cesse renouvelée d'une femme courageuse ayant des principes et un grand attachement a ses rcines ...sa lecture est prenante et ne laisse point indifférent , plus que cela , elle pousse a la reflexion ... merci de nous offrir ce morceau , a bientôt
Bonjour Thanina,
Les Algériennes d'aujourd'hui s'identifient au combat de Fadhma.
Bises dominicales
Bonsoir Renée,
Merci beaucoup.
Merci de ton passage sur mon blog.
j'ai aimé ta citation vue chez Agathe alors je fais suivre.
Très bonne journée et enchantée de te connaître au travers de ton blog.
Amicalement
Violette
Bonjour Violette,
Vous avez choisi de rendre visite à Zéphyr à partir d'un article qui lui est particulièrement très cher : l'histoire de Fadhma Aïth Mansour Amrouche, l'histoire de la femme kabyle, l'histoire d'une mère.
Il est pour hautement symbolique pour Zéphyr.
Merci de lui avoir rendu visite ici, en ces lieux magiques !
Bonjour Violette,
Vous avez choisi de rendre visite à Zéphyr à partir d'un article qui lui est particulièrement très cher : l'histoire de Fadhma Aïth Mansour Amrouche, l'histoire de la femme kabyle, l'histoire d'une mère.
Il est, pour Zéphyr, hautement symbolique.
Merci de lui avoir rendu visite ici, en ces lieux magiques !
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